Les cnidaires sont un groupe d'animaux principalement marins, comprenant notamment les méduses, les anémones de mer et les coraux. Ils se caractérisent par un plan de corps dit radial, organisé autour d'un axe principal de polarité. Malgré leur apparence relativement simple, ils possèdent une diversité notable de types cellulaires et de structures, par exemple des cellules musculaires lisses et striées, des neurones, des cellules digestives. Au cours des 20 dernières années, il a été montré que ces organismes partagent un très grand nombre de gènes avec les animaux du groupe des bilatériens (vers, poissons, humains...). Les cnidaires présentent des cycles de vie complexes, où des modes de reproduction sexuée et asexuée alternent. Ils sont également réputés pour leurs capacités de régénération : l’hydre, capable de régénérer entièrement à partir d'un agrégat de cellules dissociées, appartient notamment aux cnidaires.
Les capacités de régénération des méduses, même si elles sont très développées, n’ont été que très peu étudiées jusqu’ici. Nous avons récemment montré que la petite méduse Clytia hemisphaerica peut régénérer ses organes en moins d'une semaine et qu'un animal coupé en deux peut se transformer en deux méduses plus petites en 12 heures. Comment l'animal contrôle le processus de réparation ? Comment « décide-t-il » quand et où régénérer les structures manquantes ? D'où viennent les cellules pro-génitrices ? J'illustrerai notre programme de recherche actuel et présenterai les approches que nous développons à Banyuls pour étudier la régénération chez la méduse Clytia.
Portrait de la conférencière
Chiara Sinigaglia a rejoint le laboratoire de Biologie Intégrative des Organismes Marins à Banyuls-sur-Mer en 2022 en tant que chargée de recherche CNRS. Elle codirige une équipe de recherche axée sur la régénération, le développement et l'évolution des cnidaires, financée par une bourse ATIP-Avenir. Ses recherches portent sur la régénération de la méduse Clytia hemisphaerica, en étudiant notamment comment les forces mécaniques régulent ce processus.
Intéressée par l'évolution du développement, Chiara a obtenu son Master en biologie évolutive à l'Université de Padoue (Italie), étudiant les muscles de l'ascidie coloniale Botryllus schlosseri.
Pour ses études de doctorat, Chiara a rejoint l'équipe de Fabian Rentzsch au Sars Centre for Marine Molecular Biology de Bergen, en Norvège. Elle y a étudié le développement des axes corporels de l'anémone de mer Nematostella vectensis.
Lors de son premier postdoc, effectué à l'Institut de la Mer de Villefranche-sur-Mer, dans l'équipe d'Evelyn Houliston, elle a développé la méduse Clytia hemisphaerica comme modèle de régénération. Ses travaux ont montré les excellentes capacités de régénération de cet animal et ont fourni les premières bases de compréhension de ce processus.
Elle a ensuite rejoint le laboratoire de Michalis Averof, à l'Institut de Génomique Fonctionnelle de Lyon, où elle a étudié la régénération des pattes du crustacé Parhyale hawaiensis. Ses travaux ont montré que les processus de régénération ne récapitulent pas l'embryogenèse, et mis en lumière un rôle-clef du système nerveux au cours de la régénération.